Questions sensibles dans un sondage : guide pour éviter les erreurs
Poser une question sensible dans un questionnaire n’est jamais anodin. Ce type de question peut donner des résultats précieux pour comprendre un comportement, un frein ou un besoin, mais mal formulée, elle risque de fausser l’enquête ou de provoquer une non-réponse. Pour vous aider à poser ces questions de manière pertinente et sécurisante, Selvitys vous guide à travers les bonnes pratiques, les erreurs à éviter et les méthodes éprouvées pour obtenir des données fiables.
Dans cet article, nous allons vous présenter les raisons pour lesquelles il est parfois nécessaire d’inclure ces questions délicates dans un sondage, les principaux problèmes que cela peut engendrer, ainsi que de simples conseils concrets pour les limiter.
À quoi correspondent des questions sensibles dans un sondage ?
Formulation incorrecte | Formulation correcte |
---|---|
Souffrez-vous actuellement d'un trouble psychologique ? | Avez-vous récemment ressenti un niveau élevé de stress, d'anxiété ou de fatigue mentale ? |
Quelle est votre orientation sexuelle ? | Comment vous identifiez-vous en termes d'orientation sexuelle ? |
Quel parti politique soutenez-vous actuellement ? | Sur une échelle de 1 à 7, dans quelle mesure vous sentez-vous proche des idées suivantes ? |
Pourquoi est-il essentiel de les poser ?
Toute question peut être bonne à poser si elle respecte certains codes. Ces questions doivent rester courtoises et ne pas demander à vos répondants de dévoiler des informations trop personnelles. En effet, des questions mal posées peuvent engendrer de nombreux problèmes tels que des taux de non-réponse élevés, des réponses biaisées et des abandons de questionnaires notamment.
Pour autant, celles-ci restent cruciales pour :
- Segmenter efficacement votre cible, si des questions sociodémographiques vous servent à trier les répondants selon la méthode des quotas.
- Comprendre les motivations profondes d’un comportement.
- Mesurer des opinions sur des sujets complexes ou controversés.
- Adapter une offre à des besoins réels, mais non exprimés
En outre, ces questions sont parfois nécessaires dans des études sur le comportement d’achat, des études RH ou encore sur la santé. Celles-ci permettent de collecter des données uniques que l’on ne pourrait pas avoir autrement, des informations qui permettent de préciser le profil du répondant notamment. De plus, lorsque ces questions sont bien posées, les répondants jouent le jeu et ne sont pas réticents à y répondre.
Poser des questions sensibles en toute tranquillité avec Selvitys
Les biais induits par des questions sensibles mal posées
Il existe des dizaines de biais auxquels il faut faire attention lors de la création d’un questionnaire. Tout doit être réfléchi pour ne pas influencer les réponses et les choix des répondants. En effet, l’objectif est d’obtenir des réponses sincères de la part de votre cible, afin d’avoir des données les plus représentatives de la réalité. Dans le cas des questions sensibles, il y a quelques biais à connaître qu’il vous faut éviter :
1. Le biais de désirabilité sociale
Le biais de désirabilité sociale survient lorsque les répondants modifient leurs réponses dans le but de les rendre socialement acceptables. Ils cherchent à se montrer sous un jour favorable, en dissimulant leurs véritables opinions ou comportements, car ils savent que ces derniers sont jugés négativement. Cela peut être le cas sur des sujets de norme sociale comme le racisme, l’écologie ou le harcèlement.
Exemple : « Avez-vous déjà conduit après avoir consommé de l’alcool ? » → Ici, une personne peut répondre « non », même s’il l’a fait, afin de ne pas passer pour une personne irresponsable.
2. Le biais de sélection
Le biais de sélection apparait lorsqu’un certain type de personnes refuse de participer à l’enquête à cause du sujet abordé. Vous vous retrouvez alors uniquement avec des personnes qui ne représentent pas fidèlement votre cible. Cela arrive sur des sujets de consommation de produits illicites par exemple.
Exemple : Le sujet du sondage est « Usage de drogues récréatives chez les jeunes adultes. ». Les personnes concernées (consommateurs) tendent souvent à refuser de répondre de peur d’être jugées ou identifiées. Les résultats sont alors faussés à cause d’une sous-représentation de la cible.
3. Le biais de non-réponse partielle
Le biais de non-réponse partielle est un phénomène où certaines questions sensibles sont laissées sans réponse tandis que le reste du questionnaire est complété. Cela conduit à des données peu exploitables, car incomplètes. Par ailleurs, plus la question est perçue comme intime ou stigmatisante, plus ce biais est probable.
Exemple : Vous réalisez un questionnaire sur la santé mentale et l’une de vos questions est « Souffrez-vous de troubles dépressifs ou d’anxiété ? ». Il est normal que beaucoup de répondants décident d’ignorer cette question précise tout en remplissant le reste du questionnaire, car celle-ci les met mal à l’aise.
4. L’effet de cadrage (framing)
L’effet de cadrage (framing) désigne l’influence que peut avoir la formulation d’une question sur une réponse. Une même question peut provoquer des réponses très différentes selon qu’elle est formulée positivement ou négativement. Ce biais est souvent involontaire, néanmoins reste extrêmement efficace pour influencer les résultats.
Exemple : Voici deux formulations différentes pour une même question :
- Formulation positive : « Pensez-vous qu’il est important de protéger les libertés individuelles ? »
- Formulation négative : « Pensez-vous que l’État en fait trop pour protéger les libertés individuelles, au détriment de la sécurité ? »
Vous pouvez constater que la question porte sur le même sujet dans les deux formulations. Pour autant, les réponses seront divergentes, car le cadrage oriente l’interprétation de certaines personnes.
Quelles sont les bonnes pratiques pour poser une question sensible ?
Chez Selvitys, nos experts en études appliquent plusieurs règles essentielles pour maximiser le taux de réponse aux questionnaires et limiter les biais. Nous vous présentons les principales ci-dessous.
Préparez le répondant
Avant de poser une question sensible, il est important de rassurer le répondant. Un court texte introductif peut expliquer la finalité de l’étude et l’intérêt des questions posées afin de donner du sens à la démarche. Il faut aussi souligner les mesures de confidentialité mises en places, notamment la protection des données et l’anonymat des réponses. Garder une transparence favorise un climat de confiance et augmente la probabilité d’obtenir des réponses sincères.
Formulez avec précaution
Nous avons vu à travers les biais que la formulation d’une question doit éviter tout ton accusateur ou moralisateur. Il est préférable d’utiliser des phrases neutres, parfois indirectes, qui ne mettent pas le répondant sur la défensive. Inclure une possibilité de réponse du type « Je ne préfère pas répondre » ou « Je ne sais pas » est recommandé dans le but de ne pas forcer une réponse et de réduire le taux d’abandon.
Utilisez des échelles
Les questions fermées, avec des échelles de fréquence ou des catégories, permettent de réduire l’inconfort. Demander « À quelle fréquence cela vous est-il arrivé ? » est souvent mieux accepté que « L’avez-vous fait ? ». De même, proposer des tranches (de revenus, d’âge, etc.) au lieu d’une valeur exacte permet de préserver la vie privée tout en collectant des données exploitables. De manière générale, privilégiez des questions concises et n’abordez qu’un seul sujet par question pour ne pas perdre les répondants.
Protégez l’anonymat
Il est fondamental de ne collecter que les informations réellement nécessaires à votre étude, c’est le principe de minimisation. Pour les données sensibles, informez clairement les répondants de la manière dont vous garantissez leur anonymat ou la confidentialité de leurs réponses et obtenez un consentement explicite, conformément au RGPD. Évitez également de croiser plusieurs informations personnelles sensibles qui, combinées, pourraient permettre d’identifier indirectement un répondant.
Réfléchissez à l’emplacement des questions
Le positionnement des questions dans le questionnaire peut influer sur la qualité des réponses. De manière générale, il est déconseillé de poser des questions sensibles dès le début de votre questionnaire, mais plutôt à la fin. La raison est simple, vous n’avez pas encore instauré un climat de confiance, le répondant n’est pas encore engagé avec l’enquête. Cependant, si ces questions sont nécessaires en début de questionnaire pour la réalisation des quotas, il est possible de procéder ainsi en étant très vigilant sur les formulations.
Testez votre questionnaire
Une fois la conception de votre questionnaire terminée, il vous reste encore une étape de vérification afin de vous assurer de son bon fonctionnement. Par la même occasion, essayez de relire attentivement chaque texte pour vous assurer qu’il n’y ait pas de coquilles ou de fautes d’orthographe. Plus important encore, vérifiez la cohérence globale du questionnaire (ordre et logique des questions, cohérence des échelles d’évaluation, limitation des biais…).
Découvrez quelques exemples de bonnes formulations
Formulation incorrecte | Formulation correcte | Explication |
---|---|---|
Avez-vous déjà été victime de harcèlement au travail ? | Dans les 12 derniers mois, avez-vous été témoin ou victime d'un comportement inapproprié dans un contexte professionnel ? | Cette formulation est plus large, moins directe et moins accusatrice. Elle permet de recueillir plus de réponses en évitant de stigmatiser le répondant et en intégrant la notion de témoin. |
Quel est votre salaire net mensuel ? | Dans quelle tranche se situe votre salaire net mensuel ? | Demander une tranche plutôt qu'une somme précise rend la question moins intrusive et plus confortable à répondre tout en conservant une donnée exploitable. |
Avez-vous déjà menti pour justifier une absence professionnelle ? | Sur les 6 derniers mois, combien de jours d'absence non liés à un congé officiel avez-vous pris ? | On évite ici d'accuser ou de sous-entendre un comportement répréhensible. La formulation est centrée sur les faits, pas sur l'intention. |
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CE QU’IL FAUT RETENIR :
Poser des questions sensibles, difficile, mais pas insurmontable
Poser des questions sensibles dans un questionnaire demande une attention particulière à la formulation des questions et au contexte dans lequel elles s’insèrent. Comme abordé dans cet article, la qualité des réponses dépend en grande partie du type de questions choisies, du moment où elles sont posées, et de la façon dont vous proposez ces sujets délicats.
En comprenant les bonnes pratiques pour chaque cas, vous serez en mesure d’atteindre vos objectifs tout en respectant vos répondants. Avec Selvitys, vous bénéficiez d’une plateforme fiable pour concevoir vos sondages, poser les bonnes questions dans un questionnaire, et obtenir des résultats exploitables, même sur des sujets sensibles.
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Selvitys met à votre disposition une plateforme pour concevoir, diffuser et analyser des sondages en ligne, couvrant l’ensemble de vos besoins en études quantitatives. Grâce à notre méthode de diffusion optimisée, nous sommes capables de recueillir plus de 1 000 réponses en moins de 24 heures, en mobilisant notre panel interne de répondants qualifiés.
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