Analyse MaxDiff : Comment connaître les préférences de vos clients ?
On entend souvent qu’il ne faut pas se soucier de l’avis des autres. Pourtant, lorsqu’il s’agit de développer un produit ou d’optimiser une offre, c’est exactement ce que vous devez faire. Écouter vos consommateurs, comprendre leurs préférences, et surtout, savoir faire des choix.
C’est précisément ce que permet l’analyse MaxDiff. Cette méthode quantitative est un outil redoutablement efficace pour hiérarchiser les attentes, identifier ce qui compte vraiment pour vos clients et orienter vos décisions stratégiques.
Dans cet article, nous vous expliquons comment fonctionne l’analyse MaxDiff, pourquoi elle s’impose comme un levier de pilotage pertinent, et dans quels cas elle peut montrer ses limites.
Qu’est-ce que l’analyse MaxDiff ?
L’analyse MaxDiff est l’abréviation de Maximum Difference Scaling. Il s’agit d’une méthode quantitative développée par l’économiste australien Jordan Louviere dans les années 1990. Son objectif est d’identifier et hiérarchiser les préférences des consommateurs avec précision. En effet, Louviere souhaitait créer une alternative plus robuste aux échelles d’évaluation classiques, telle que l’échelle de Likert, souvent biaisées.
Une entreprise qui a besoin de réaliser des choix stratégiques comme optimiser son offre, prioriser des axes de communication ou structurer une proposition de valeur différenciante perçoit un grand intérêt à utiliser l’analyse MaxDiff. En outre, cette méthode quantitative permet de fournir une hiérarchisation claire des préférences même lorsqu’il s’agit de comparer un grand nombre d’options.
Comment fonctionne la méthode MaxDiff ?
La méthode MaxDiff consiste à présenter à vos répondants des bénéfices, des fonctionnalités, des caractéristiques de votre produit ou de votre offre parmi lesquels ils doivent choisir celui qu’ils préfèrent le plus et celui qu’ils préfèrent le moins.
Prenons un exemple concret. Vous disposez de 20 fonctionnalités pour votre produit et vous souhaitez les hiérarchiser afin de prioriser les développements. Avec l’analyse MaxDiff, vous allez construire entre 6 et 10 séries, chacune contenant 4 à 5 fonctionnalités sélectionnées parmi les 20.
Tous les répondants verront ces différentes séries et devront, à chaque fois, désigner la fonctionnalité qu’ils préfèrent le plus et celle qu’ils préfèrent le moins. Chaque fonctionnalité apparaîtra ainsi plusieurs fois, dans des combinaisons différentes, afin d’être confrontée à d’autres.
Cette approche permet de croiser les préférences exprimées et d’établir, à l’analyse, un classement global des fonctionnalités, basé sur ce que vos utilisateurs préfèrent réellement.
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L’analyse MaxDiff expliquée
À savoir : Il ne s’agit pas d’un simple comptage de point. Il faut ici prendre en compte dans quelles combinaisons chaque choix a été fait, et contre quelles fonctionnalités chaque option a été comparée.
Comment sont calculés les scores ?
- En valeurs brutes : Par exemple, la fonctionnalité 1 peut avoir un score élevé de 1,5 qui signifie qu’elle a été beaucoup préférée, tandis que la fonctionnalité 2 peut avoir un score négatif de -0,3 qui signifie qu’elle a souvent été nommée comme la moins préférée.
- En pourcentage de préférence relative : Ici, la somme de toutes les fonctionnalités doit être de 100%, soit par exemple quatre fonctionnalités : fonctionnalité 1 = 40%, fonctionnalité 2 = 30%, fonctionnalité 3 = 20% et fonctionnalité 4 = 10%. La fonctionnalité 1 correspond à la fonctionnalité préférée par les répondants puisqu’elle concentre 40% des préférences exprimées, toutes combinaisons confondues, tandis que la fonctionnalité 4, à l’inverse, est la moins préférée à 10%.
- Une colonne « Positif » qui représente le pourcentage pour lequel une fonctionnalité a été désignée comme « la plus préférée ».
- Une colonne « Négatif » qui représente le pourcentage pour lequel une fonctionnalité a été désignée comme « la moins préférée ».
- Une colonne « Score » qui représente la soustraction des deux colonnes précédentes soit : Positif – Négatif = Score. C’est la colonne qu’il faut regarder en priorité.
Que faire des résultats ? Il ne vous reste plus qu’à réaliser la lecture des scores afin de classer les éléments du plus préféré au moins préféré, mesurer les écarts de préférence entre deux fonctionnalités et identifier des zones de rupture entre les scores.
Exemple de lecture
Prenons une étude fictive réalisée auprès de 1 000 répondants sur des fonctionnalités automobiles. Voici comment interpréter les résultats pour une fonctionnalité comme Carplay / Android Auto avec un indice de préférence :
- Elle a été sélectionnée comme la fonctionnalité préférée dans 48,2 % des cas où il était affiché.
- Elle a été désignée comme la fonctionnalité la moins préférée dans 10,3 % des cas où il apparaissait.
Carplay / Android Auto obtient l’indice de préférence le plus élevé, à 37,9 % (48,2%-10,3%), se positionnant ainsi en tête comme la fonctionnalité préférée parmi toutes celles évaluées.
Les avantages et inconvénients de la méthode MaxDiff
Les avantages
L’analyse MaxDiff est particulièrement appréciée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’une méthode quantitative relativement simple à mettre en œuvre, aussi bien pour les répondants que pour les entreprises. Elle permet de recueillir des données claires et pertinentes sur vos produits, services ou fonctionnalités. De plus, grâce à des calculs statistiques rigoureux, ses résultats offrent une base solide pour formuler des recommandations concrètes et orienter efficacement vos décisions stratégiques.
D’autre part, ce type d’étude est exploitable dans de nombreux secteurs d’activité. En supplément de cette polyvalence, la réalisation d’un MaxDiff évite un problème pourtant récurrent pour d’autres études : l’inflation de revendications du répondant. Il s’agit d’un phénomène classique en étude quantitative qui survient lorsque certains répondants surestiment l’importance ou la préférence de plusieurs attributs (fonctionnalités, caractéristiques…).
Par exemple, dans une enquête où on demande de cocher les fonctionnalités qu’ils apprécient, quelques répondants vont cocher beaucoup trop d’options, même celles qui leur importent peu, diluant ainsi la qualité des données.
Dans le cas d’une étude MaxDiff, cela ne se produit pas puisque l’on force explicitement le répondant à choisir ce qu’ils préfèrent le plus et le moins dans chaque série d’attributs. Cela réduit l’effet d’inflation, car on ne peut pas dire que tout est important ou apprécié, il faut faire un vrai arbitrage.
Les inconvénients
Cette méthodologie, bien qu’efficace pour établir un ordre de préférence, n’est pas exempte de limites. En effet, elle révèle quels attributs sont préférés ou moins appréciés, mais ne mesure pas précisément l’intensité de cette préférence.
Par exemple, si un répondant place le Bluetooth de sa voiture comme son critère préféré, et le design comme le moins apprécié, cela ne signifie pas qu’il rejette le design. Il s’agit simplement de l’attribut qui l’intéresse le moins parmi ceux proposés, sans que cela remette en cause son attachement global au design de son véhicule, qu’il a choisi en connaissance de cause.
Une seconde problématique lors de la réalisation d’une étude MaxDiff survient lorsque les résultats obtenus sont serrés. Il est évidemment plus simple d’identifier une ou deux fonctionnalités qui se démarquent clairement pour orienter vos décisions. Mais que faire quand les scores sont serrés, par exemple 24 % pour un attribut et 23 % pour un autre ? Dans ce cas, aucun attribut ne se détache nettement.
Cette information reste néanmoins précieuse, car elle indique que plusieurs critères partagent l’attention des consommateurs. Pourtant, cette analyse ne vous dit pas comment faire pour satisfaire tout le monde. Il faut alors pousser la question plus loin et poursuivre vos recherches.
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CE QU’IL FAUT RETENIR :
Étude MaxDiff, fait-elle réellement la différence ?
La méthode MaxDiff a fait ses preuves depuis sa création par Louviere. C’est aujourd’hui un outil largement utilisé lors d’études quantitatives pour identifier et hiérarchiser les préférences d’un groupe de consommateurs de manière rigoureuse. Elle combine simplicité de réponse, fiabilité statistique et clarté des résultats pour vous permettre de faire des choix stratégiques parmi un grand nombre d’options. Il s’agit d’une étude puissante pour orienter vos décisions avec des données tangibles, là où d’autres approches se contentent d’impressions floues.
Cependant, il faut savoir l’utiliser en ayant conscience de ses limites. Elle nous dit ce qui est préféré sans pour autant nous dire pourquoi, ni dans quelle mesure exacte. De plus, elle peut nécessiter d’autres études, qualitatives ou quantitatives, pour répondre complètement à vos questions, notamment en cas de résultats serrés.
Utilisée au bon moment et avec une analyse soignée, la MaxDiff vous permettra de gagner en pertinence, en impact, et en efficacité dans la construction de votre offre ou de votre communication.
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